lundi 7 juin 2010

Je n'ai pas trouvé la faucille...


Île de Vassivière.

Marteau sans maître
Jean-Luc Vilmouth
1985

Granit, terre, 800 x 300 x 63 cm

Commande du Syndicat mixte "le Lac de Vassivière" (propriété du Syndicat mixte "le Lac de Vassivière") en 1985

Né en 1952 en France, Jean-Luc Vilmouth vit et travaille à Paris en France.

Lorsqu’il définit son activité artistique, Jean-Luc Vilmouth la qualifie d’« augmentation ». Ce qui l’intéresse dans ce concept « ce n’est pas de chercher une nouvelle arithmétique des objets mais de provoquer à partir de l’objet une augmentation : le même et un autre en même temps ». Cette augmentation est une transformation qui confère une portée et une importance à l’objet qui au départ n’est qu’un ready-made.

Pour Jean-Luc Vilmouth, l’objet le plus banal, le plus quotidien est un objet d’investigation. Un objet usuel comme le marteau, ôté de son contexte et placé dans une situation inhabituelle entraîne une perception autre, une lecture différente de lui-même. La vision de cet outil nous apparaît alors d’une « inquiétante étrangeté ». C’est à ces déplacements, provoquant des « glissements de sens » que s’attache le travail de Vilmouth. En 1979, Vilmouth avait déjà montré un marteau qui semblait n’avoir servi qu’à creuser la cavité dans laquelle il reposait, inutile ; la cause se résorbait dans son effet, le marteau s’offrait sans maître.

Sur l’île de Vassivière, il a choisi de présenter un marteau de plus de sept mètres de long et trois mètres de large, couché sous les frondaisons. La tête est composée de trois blocs de granit, quant au manche, il est formé par un renflement du sol qui, à l’image du champ environnant, se trouve planté d’herbes. Dans Marteau sans maître, Jean-Luc Vilmouth se limite à une intervention très simple qui conserve l’identité de l’objet tout en suggérant une autre approche de celui-ci. Cette tension entre identité et altérité, il la matérialise au travers de deux moyens : l’augmentation mimétique du modèle et la décontextualisation de celui-ci (qui consiste à le disposer en pleine verdure sur l’île de Vassivière). Ces deux processus menés conjointement nous amènent à nous ouvrir à toutes les possibilités perceptives et sensorielles qu’une telle pièce peut susciter. Au travers de cette installation, l’artiste explore clairement le schéma bipolaire modèle-copie, leur ressemblance, leur dissemblance et s’interroge finalement sur la perception que peuvent susciter de tels transferts. Détourné, augmenté, présenté, le marteau acquiert plus de sens que son utilisation fonctionnelle initiale.

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