lundi 20 décembre 2010

La Peur avec un grand P.

Récemment, j'ai fini de lire ce magnifique livre de Gabriel Chevallier : "La Peur"
La vie de cet homme confronté à ses 19 ans en pleine jeunesse, où sa vie aurait dû être amour, joie, bonheur, voyage, s'est retrouvé prit dans la tourmente de la guerre de 14/18. Avec toutes ces absurdités comme toutes les guerres, où les bureaucrates et les gradés établissent des stratégies que seuls les soldats paient à leurs dépends. L'angoisse des tranchées, tombes ouvertes et prêtent à se refermer par un obus de l'ennemi ou tout simplement de leur propre bataillon qui ajustaient les tirs.
Confronté à la mort en permanence, qui devient à la fois, leur maitresse, leur amie, leur confidente, celle sur qui parfois, ils souhaitent la voir et l'effleurent à peine, par des projections de leurs camarades qui l'ont embrassé.
Ces champs aux couleurs pastels de bleus, de gris, de leurs compagnons d'armes étendus à jamais, dans ces immensités de terre à jamais stériles car trop imbibées du sang des hommes, elle en remplit ses veines de ses ames perdues inutilement.
Et tout ces civils, ces parents non contents que leurs fils ne reviennent que soldat, qu'ils occultent et se résignent à croire que le combat est utile pour la patrie, pour la liberté, la leur, surtout la leur.... leurs habitudes qui ne les dérangent pas, alors que leurs propres enfants vivent un cauchemar, sont sans cesse confrontés entre le désir de déserter, de quitter une guerre qui n'est pas la leur, de souhaiter que le prochain obus ne soient pas pour eux mais pour leurs voisins, leurs camarades de combat et deux mondes les séparent...
Je ne vais pas vous raconter ce livre magnifique mais j'espère que vous aurez envie d'y passer un moment à le découvrir.
J'ai apprécié le témoignage de cet homme qui vaut cent fois plus que les blablas de tous ces historiens de pacotille qui ne l'ont pas vécu.
Cela m'a rappelé  mon arrière grand-mère, qui me disait étant petite et cela m'est restée toujours en mémoire : " Si tu as un fils, ne l'oblige jamais à aller à la guerre ".
Un jour, j'ai demandé à ma mère, pourquoi elle disait cela ? Elle m'a raconté ce pourquoi.
Elle avait un fils, mon grand oncle, qui lui aussi en pleine jeunesse, dù partir au massacre, pour "la patrie". Il avait trois jours de permission et était revenu se blottir dans la chaleur du foyer, dans le coeur de sa mère. Il ne voulait plus repartir sur le front, c'était trop horrible disait-il. Mais mon arrière grand-mère l'a persuadé d'y retourner car sinon il serait considéré comme déserteur et la sentence était pire, non seulement il risquait le peloton d'exécution mais toute sa vie et je crois que cela aussi était à l'époque important, il aurait été considéré comme un traître à "la patrie", un fils qui deserte, qui fuit la guerre est un lache, la honte pour toute une génération.
Mon grand oncle est reparti à la guerre. Deux jours après, mon arrière grand-mère recevait un télégramme....
Je suis vraiment impressionné par le récit de Gabriel Chevallier,  car je comprends pourquoi mon grand oncle ne voulait plus y retourner et pourquoi mon arrière grand-mère ne s'en ait jamais remise. Envoyer son enfant à la guerre, c'est l'envoyer à la mort, et le protéger pour ne pas qu'il y aille, à l'époque c'était aussi l'envoyer à la mort, elle n'avait pas le choix et mon grand oncle non plus... Quel affreux dilemme !
Je serai dans l'idée de faire lire cet ouvrage, aux élèves de seconde même de troisième, ils y trouveraient plus de liens avec leurs familles que la lettre de Guy Môquet mais cela n'engage que moi...

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